The Seals
Parmi toutes les civilisations qui ont précédé la notre, parmi
toutes les légendes que l'on a pu revisiter, ou inventer, il en est une
que le temps a ravagé.
Elle n'avait ni la démesure des Pharaons
d'Egypte, ni la mégalomanie de Jules César, ni la connaissance des
Atlantes. Non, rien de tout cela n'étayait cette civilisation, sa
culture et son art n'étaient pas non plus transcendants. C'est
certainement pour cela que le temps a, en grande partie, eu raison
d'elle.
Par contre cette civilisation a inventé quelque chose qui
est toujours utilisé à notre époque; la retenue, la limitation, en
d'autres termes... le Bridage.
Mais là ou nous l'utilisons pour les animaux sauvages, dangereux, ou même pour les moteurs de voitures, cette civilisation l'utilisait pour les humains.
Dans cette civilisation au nom oublié, mais dont certains écrits existent toujours, une légende était de mise :
A
la naissance d'un enfant, les prêtres du Culte se devaient de vérifier
s'ils portaient le "Kirah", la marque de l'oubli (c'est ainsi qu'ils
appelaient le creux que tout un chacun a entre le nez et la lèvre
supérieure). Pour cette civilisation, c'était la preuve qu'après une
réincarnation, les Dieux avaient effacé le souvenir de la vie
antérieure de l'enfant à naître.
Seuls les Dieux avaient le droit de
connaître les actes passés de l'âme et ainsi de vérifier, à chaque
mort, son repentir ou l'agravation de sa peine.
Mais il arrivait de
temps en temps qu'un enfant échappe au rituel divin, et qu'il naisse
sans la marque. Les écrits restent vagues quant à ce qui advint du tout
premier enfant né ainsi. Mais cela ne dû pas être positif car le Prêtre
Majeur s'occupa personnellement des suivants.
Les Cultistes ne
pouvant se résigner à tuer ces enfants, ne sachant si l'absence de
marque étant un don de leurs Dieux ou de leurs Démons, inventèrent un
rituel consistant à "brider" la mémoire de l'âme, et à la sceller à
tout jamais.
Selon certains écrits, cette mémoire de l'âme n'était
pas une chose abstraite, mais bel et bien quelque chose que l'on
pouvait un jour réutiliser.
Il est impossible de savoir combien d'enfants ont ainsi été
"bridés", ce qui est sûr c'est que le rituel de l'oubli a été effectué
plusieurs fois et que les trésors de connaissances ainsi accumulés
doivent être dissimulés quelque part. Et aucune idée des conséquences
que pourraient avoir leur libération.
Aucun écrit ne cite le lieu où
vécu cette civilisation. On ne sait même pas où furent découverts les
écrits, tout y étant en rapport semble être frappé du sceau de l'oubli.
Mais il peut arriver, parfois, que la plus hasardeuse des découvertes fasse éclater le miroir dissimulant, à nos yeux, le plus ancien secret de notre planête.